L’idée de vivre sans voiture en revenant vivre en ville nous enthousiasmait. Propriétaires depuis quelques années de voitures qui nous avaient parfois fait vivre des moments compliqués, se libérer de cette charge était un soulagement.
Au bout de 5 mois à vivre à Ottawa sans être propriétaires d’une voiture, quel bilan ?
Le Lez’art étant en télétravail, il n’y a que le Castor qui dépend du transport pour se rendre au travail. L’abonnement mensuel est à 125CAD, le ticket à 3,70 avec la carte Presto, 3,75 sans carte
Elle prend le O-train (équivalent local du métro) et le bus pour se rendre au travail. Et la majeure partie du temps cela fonctionne. Sauf quand le O-train est en rideau ou que les bus ne passent pas alors qu’on les attend à l’arrêt, pour aucune raison valable. Et comme le O-train dysfonctionne quand il neige/gèle et qu’à Ottawa, il neige ou gèle régulièrement, ça devient vite un souci. Nous avons la chance de vivre à côté d’un arrêt de bus qui lui permet d’aller au travail tout de même si le O-train est arrêté mais c’est bien plus long. Et après, si les transports publics ne passent pas du tout, certains de ses collègues prennent des Ubers. Et c’est là que l’on commence à toucher du doigt les limites de la vie sans voiture ici : on dépend des transports publics et ils ne sont pas toujours fiables. Il faut être flexible et patient. Philosophe parfois. Et puis, attendre un bus qui ne passe pas, ça créé des liens avec les autres passagers qui attendent et on se retrouve parfois à discuter.
Nous vivons en centre-ville, et un centre ville à l’américaine, c’est un peu différent d’un centre ville à l’européenne en ce sens qu’il y a peu de commerces pour faire les courses. Notre “Farm Boy” est à vingt minutes de marche de chez nous, et si nous avons un Quickie pas loin, il n’est pas raisonnable d’espérer y faire les courses pour la semaine. C’est comme si vous faisiez vos courses dans une station essence. Et être à pied sous entend de devoir porter toutes ces courses. Donc c’est une question de choix, soit on y va plusieurs fois dans la semaine, à pied, pour faire des “petites/moyennes” courses à chaque fois (ce qui représente un investissement en temps important) soit on passe par un système de livraison des courses type Instacart mais c’est de nouveau toucher du doigt les limites de la vie sans voiture puisque l’on délègue la possession de cette dernière à quelqu’un d’autre.
Dans un premier temps, pour nos sorties et divertissements, la découverte de la ville accessible à pied et/ou en transports en commun était amplement suffisante. Nous avons fait parfois pas mal de marche pour aller voir certaines choses ou avons pris des bus pour aller en voir d’autres. Comme pour les courses, il faut accepter un investissement en temps et une incertitude sur le passage des transports en commun pour cela.
Au bout de 5 mois sur place et avec la volonté de pratiquer des activités d’hiver, on commence à se sentir un peu à l’étroit. La ville est très, très, très étendue, et nous avons parfois voulu faire des activités qui étaient estampillées comme se trouvant à Ottawa et qui en fait se trouvaient à plus d’une heure aller simple de transports en commun ou même pas vraiment desservis par ces mêmes transports. Nos visites au parc de la Gatineau ne peuvent plus se faire en utilisant les transports car les passages de navette sont rares mais surtout parce que nous avons pas mal écumé ce qui se situe à proximité du point de dépose. Il en va de même pour tout ce qui se situe un peu en dehors d’Ottawa. Et se rendre chez les copains à Orléans en transport sous entend que l’on parte une heure en avance là où il n’y a que 20 minutes de voiture.. Ce sont de petits désagréments en soi, des adaptations nécessaires.
Pour notre installation, nous avons voulu dans un premier temps ramener nos achats d’Ikea en bus, puis nous avons fini par nous résoudre en prenant un Uber pour ramener ce que nous ne pouvions porter, puis en louant un fourgon parce que décidément, ramener le lit dans un bus c’était compliqué. On raconte cela plus en détail ici
Le Lez’art a acheté un vélo dans les premières semaines de septembre afin de pouvoir se déplacer plus vite qu’à pied et d’économiser des tickets de transports.
Nous avons pris un abonnement à communauto, un service d’auto-partage qui permet de louer des voitures à l’heure, stationnées dans divers endroits d’Ottawa pour un prix bien plus intéressant que les loueurs de voiture habituels, et avec une flotte et une flexibilité bien plus grande. Les voitures sont bien entretenues, équipées avec les équipements de saison (pneus neige, grattoir et balais à neige !), c’est une flotte de voiture hybrides donc plutôt bien conçues pour la ville. Par contre, elles broutent en côté parce qu’elles ne sont pas conçues pour faire autre chose que de l’urbain et elles ne sont pas très hautes ce qui peut poser problème quand on est coincé sur un banc de neige à patiner dans le vide.
Ces deux stratégies nous permettent de compenser les moments où la marche/les transports en commun sont inefficaces. Donc nous allons nuancer le titre de cet article : il est utopique de vivre sans voiture à Ottawa, mais il n’est pas utopique de ne pas être propriétaire de voiture à Ottawa. Les transports en commun et la marche, la stratégie Instacart et le vélo nous permettent de vivre au quotidien à Ottawa, et la location Communauto nous permet de faire une sortie voire deux par mois au delà des limites du réseau de transport.
Dans une ville conçue essentiellement pour la voiture, on ne s’en sort pour le moment pas si mal, en étant pas propriétaire de véhicule.
Ironiquement, nous disposons d’un graal rare : une place de parking incluse dans notre location, en parking sous-terrain, protégée des intempéries et avec un point de lavage de voitures.
Tout ceci est à lire en ayant bien conscience de notre situation : nous n’avons pas d’enfants, et le Lez’art n’a pas à sortir de la maison pour travailler. Ne pas avoir de voiture nous permet pour le moment de faire quelques économies mais nous savons au fond que ce n’est que transitoire, essentiellement parce que nous allons vouloir aller découvrir des choses de plus en plus éloignées d’Ottawa, potentiellement sur plusieurs jours et que notre idéal de vanlifers risque de nous rattraper… pour le moment, on essaie d’estomper l’empreinte carbone de notre arrivée ici en avion !
Le vélotafeur en moi, celui qui en fait tous les jours, est un peu déçu que ça ne parle pas plus vélo dans la neige. C’est faisable là bas ? 😀
(Oui parce qu’ici, ça a fondu en 24 heures donc bon…)
C’est une excellente question à laquelle Monsieur le Lez’art a prévu de répondre depuis plusieurs mois dans un article, mais pour le moment il accumule des arguments 😉
[…] un avantage énorme pour profiter des activités en dehors de la ville (car c’est un peu utopique de vouloir vivre sans voiture […]