Imaginez un vendredi soir, vous venez de traverser le décor paradisiaque du Fjord du Saguenay (photo contractuelle)

De faire un peu de canoë au milieu d’une forêt boréale (photo toujours contractuelle)

Vous arrivez pas très loin d’une des plus jolies chutes d’eau que vous ayez eu le plaisir de voir et là….

PAF le voyant rouge de la mort qui s’allume sur le tableau de bord. On est vendredi soir, il est 17h et le voyant de batterie est allumé. Enfin, le voyant de “batterie”, c’est vite dit. Nous y reviendrons plus tard.

Pour la faire courte, une panne de voiture, ce n’est jamais drôle. Une panne de voiture pendant les vacances, c’est pas l’fun. Mais quand votre voiture c’est aussi votre “maison” car vous dormez dedans et que vous avez de la compagnie durant ces vacances (ce qui vous donne l’objectif de montrer un maximum de choses en un minimum de temps et une deadline à base d’avion à reprendre), c’est la tuile.

On a commencé par le déni : entre la température élevée (32°) qui nous forçait à mettre la climatisation, les très nombreux appareils électroniques en charge sur les allumes cigares et la prise de 110V utilisée pour recharger l’ordinateur du Castor, on s’est d’abord dit qu’on avait probablement trop tiré sur la bête. On s’est dit qu’une bonne nuit de sommeil ferait du bien à la batterie. Mais par acquis de conscience, on fait tout de même un crochet au Canadian Tire de Roberval, notre étape pour la nuit, afin de s’assurer que si la batterie est morte, on pourra en trouver une neuve le lendemain. Ils ont la pièce en stock, parfait.

Samedi matin :

Petit test de la batterie : la charge est basse mais la voiture démarre. Test de l’alternateur grâce à notre voisin de camping qui semble être en bon état. C’est parti pour la visite du musée Ilnu de Mashteuiatsh, pour le Castor et Mademoiselle I. qui nous accompagne tandis que le Lez’art a pour objectif d’essayer d’améliorer la situation de la voiture en trouvant un garage pour y jeter un oeil. Sauf qu’une fois arrivés sur le parking, la voiture tousse, cahote et s’arrête. Fin du match pour le moment.

Après avoir trouvé un volontaire pour la redémarrer aux pinces, le Léz’art parvient à lui faire faire 100m, elle s’arrête de nouveau. Elle terminera garée face au Lac St Jean/Pékuakami en face du conseil de bande.

Et c’est là que va surgir la principale difficulté : on est samedi. Il n’y a pas un garage d’ouvert avant lundi dans la région. Ceux dont les horaires ne sont pas renseignés sur google et que l’on tentera d’appeler durant ce laps ne seront pas ouverts.

Les garages ouverts les plus proches sont à Alma, à une heure de route de là.

On aime pas trop le fait que Maps utilise toujours les noms problématiques que les Européens utilisaient pour les Premières Nations. Merci de remplacer “Montagnais” par Ilnu, ça serait bien.

On appelle l’assurance, afin de savoir ce que l’on peut faire dans ce cas là. Si c’est un problème de batterie, ils ne remboursent rien. Mais on peut se faire remorquer. Cool. La seule entreprise de remorquage qui nous emmènerait jusqu’à Alma nous fait un devis à 370$ et l’assurance nous rembourserait…. 50$. C’est le moment de rire jaune.

Si vous voulez avoir des interactions sociales imprévues avec des gens très gentil à Mashteuiatsh, garez vous sur le bord de la route et ouvrez votre capot. Les gens s’approchent, s’inquiètent et tentent de vous aider. C’est ainsi que le Léz’art, grâce aux conseils avisés d’une dame (M, qui a travaillé dans l’industrie minière en Abitibi Témiscamingue) comprend que ce n’est pas la batterie mais… l’alternateur qui semble mort. Ah. C’est une autre tisane en termes de remplacement. D’autant que le Canadian Tire de Roberval n’a pas la pièce. Par contre à Alma, ils l’ont.

Il faut donc se rendre à Alma, à une heure de route de là et sans voiture. Si les gens présents à Mashteuiatsh nous proposent de nous déposer à Roberval, Alma c’est pas tout à côté.

On se lance donc dans les appels aux compagnies de taxi. Entre celles qui ne répondent pas et celles qui refusent une course si longue, on finit par tomber sur une entreprise qui accepte d’emmener le Castor jusqu’à Alma pour aller chercher la pièce à Canadian Tire. Il est 15h30.

Rappel d’importance : Canadian Tire Alma ferme à 17h le samedi.

Et on doit être mardi à 16h à Montréal pour re-déposer Mademoiselle I. à l’aéroport.

On est là, l’aéroport est là, c’est pas tout à côté avouons-le.

Le taxi arrive à 16h08. Il y a 55 minutes de route jusqu’à Canadian Tire. Le Castor, puis le Léz’art appellent Canadian Tire pour essayer de négocier avec eux qu’ils restent ouvert jusqu’à 17h05. Ils refusent. C’est 17h ou rien. Le taxi fait tout ce qu’il peut. Le Lez’art leur propose d’acheter la pièce en ligne et qu’ils la laissent sur le parking. Refus. Le Castor tente de son côté, via le groupe des français au Canada, de trouver quelqu’un sur Alma afin d’aller lui chercher la pièce et de la payer ensuite ou de l’acheter par téléphone à Canadian Tire pour qu’ils lui laissent sur le parking, et ces deux solutions ne fonctionnent pas non plus.

Le taxi dépose le Castor à 17h03 devant la porte de Canadian Tire…. fermée. Tous les employés sont à l’intérieur, les lumières encore allumées et le gérant voit le Castor par la porte vitrée mais lui fait des grands signes de croix pour lui signifier que c’est fermé. 180$ de taxi pour RIEN. Il faut revenir demain, c’est fermé.

(petite crise de nerfs pour le Castor sur le parking du Canadian Tire)

Pendant ce temps, à Mashteuiatsh, le Léz’art a pour objectif, avec l’aide de M. d’Abitibi de recharger la batterie suffisamment pour faire la route jusqu’à Alma retrouver le Castor. Mais cela ne fonctionne pas du tout. Elle ne tient pas la charge, cahote et s’arrête. Impossible de faire une heure de route dans ces conditions. Il faut se rendre à l’évidence, le Dodge va rester à Mashteuiatsh et le Castor doit revenir le lendemain avec la pièce.

Elle appelle donc les hôtels d’Alma, plus une chambre de libre.

Elle appelle donc les campings d’Alma, plus un emplacement de libre.

Oui parce qu’il a fallut, au milieu de cette galère, que cela tombe pile le soir où il y a un festival et où tous les hébergements sont pleins.

A ce moment là, il reste 36% de batterie sur le téléphone du Castor. Le Lez’art demande à M. qui rentre sur Chicoutimi de lui transmettre tente, duvet, change et batterie externe afin qu’elle passe la nuit à Alma “quelque part” avec la tente et revienne au Canadian Tire le lendemain. M. dépose donc ses affaire au Castor qui… trouve “quelque part” pour se poser dans l’espoir de dormir un peu. La batterie externe est vide, il y a pas mal de gens ivres qui tournent du fait du festival, bref, le sentiment de sécurité est maximal.

De leur côté à Mashteuiatsh, le Léz’art et Mademoiselle I. se préparent à dormir dans la voiture. Un homme du nom de G. qui passe dans les parages et vit là leur indique qu’il y a des prises en accès libre juste à côté, ce qui leur permet de charger leurs téléphones. Le Léz’art court à la supérette locale acheter du pain pour le petit déj du lendemain et Mademoiselle I. rentabilise son entrée au grand Pow Wow des Premières Nations qui avait lieu à ce moment là. Ils s’organisent pour dormir dans le Dodge comme ils peuvent.

De son côté, le Castor ne parvient pas trop à trouver le sommeil et sa batterie descend. L’une des personnes française (S. d’Avignon à la base) contactée via le groupe des français au Canada finit par lui répondre, comprend qu’elle passe la nuit dehors et vient la trouver à minuit avec ses collègues (oui, on la comprend, ça aurait pu être un piège). Comprenant la situation, elles lui offrent un endroit plus safe pour dormir (lui permettant de rencontrer une nouvelle personne au nom de famille SMD) et du courant pour recharger son téléphone. Et S. lui dit qu’elle ira à Mashteuiatsh demain pour voir la suite du Pow Wow et qu’elle en profitera pour la ramener.

Dimanche matin :

Le Léz’art a reçu les messages du Castor l’informant qu’elle est un peu plus en sécurité. De son côté, il a dormi un peu et se prépare à faire un tour de pick-up proposé par A. de Mashteuiatsh afin de trouver des sanitaires. Une nouvelle expérience jamais faite. Il s’organise aussi pour faire en sorte que la voiture ne chauffe pas trop pour que Mademoiselle I. ainsi que chat (ah oui, chat est du voyage !) puissent se tenir dedans sans cuire à l’aide de couvertures sur les fenêtres

Le Castor se réveille et est emmenée par S. à Canadian Tire pour acheter la pièce. L’employé se permet de lui faire une réflexion sur le fait qu’elle est arrivée trop tard hier, ce qui lui demande un self-control considérable pour ne pas lui hurler dessus qu’avec leur intransigeance de merde face aux situations difficiles des gens ils l’ont dont rendue (comme disent les Québecois) à dormir dans LA RUE. Elle prend la pièce, un multimètre et quelques clips dont le Léz’art a besoin pour la réparation. Un petit café chez S. avant de reprendre la route en direction de Mashteuiatsh.

Une fois arrivée, le Léz’art démonte des tas de trucs dans le moteur, reçoit de l’aide de C. de Gaspésie qui lui prête des outils sans lesquels ça aurait été bien plus difficile, l’aide à bouger ou tenir de choses dans le moteur puis il parvient à remplacer l’alternateur. Le van de C. permet d’envoyer une charge dans la voiture… elle démarre ! Ça semblait bien être l’alternateur. On laisse la voiture en charge sur le parking pendant une petite demie-heure sur le moteur de la voiture de C. qui nous raconte ses voyages en France, ses expériences, sa vie. Comme l’a fait A. hier et un peu M. Les gens sont gentils, ils nous aident, on parle de nos accents et de nos expressions locales. Le Léz’art essaie de lui apprendre ce que veut dire gaugé et le Castor aura apprit qu’on dit “être mal pris” pour dire “être dans une mauvaise situation”.

Le multimètre montre que la batterie a un niveau acceptable, on va pouvoir reprendre la route. On se rend au niveau du Canadian Tire de Roberval. Pourquoi ? Pour s’arrêter et vérifier que la batterie n’a pas cramé dans le processus. Si elle est cramée, on en rachète une neuve directement là. Mais ça ne semble pas être le cas. On va pouvoir prendre la route en direction de la Mauricie.

Au total, la voiture n’aura été immobilisée “que” 27h, ça aurait pu être bien pire. On a pris qu’un peu moins d’une journée de retard sur le programme, ce qui est aurait pu être bien pire. On a beaucoup appris de la gentillesse et du dévouement des gens rencontrés à Mashteuiatsh. On a appris que notre assurance auto ne sert à rien et que les gens de Canadian Tire à Alma sont vraiment vraiment de mauvaises personnes. On a un alternateur neuf sur une voiture qu’on vend dans un mois et un joli multimètre tout neuf. On va réussir à en rire ?

Moralité :

  • Dans les alentours sur Saguenay Lac St Jean, il vaut mieux ne pas tomber en panne le week-end
  • L’assurance Heartland que nous payons 1900$ par an ne nous sert à rien en cas de panne
  • Le Lac St Jean/Pékuakami est vraiment très joli surtout à 5h du matin au soleil levant.
  • Un Dodge Grand Caravan ça se bricole facilement pour peu qu’on soit un peu bricoleur tant il y a des tas de tutos sur Youtube
  • Un petit lecteur de code erreur c’est vachement utile.

Merci à M., A., G., C., E. et S. pour leur aide si importante dans ce moment de galère.

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