Bien sûr, on ne quitte pas un endroit pour retrouver exactement ce que l’on avait. Cela n’a aucun intérêt de s’expatrier dans ces conditions.
Il y a par contre quelques subtilités un peu surprenantes dans la nouvelle condition d’enseignante en Ontario du Castor
Évidemment, ceci est extrêmement lié au contexte (Canada, province majoritairement anglophone)
Tout d’abord un point administratif : le Castor est en contrat local, c’est-à-dire qu’elle a été recrutée directement par le lycée. Il existe d’autres types de contrats (résidents et expatriés).
Une des différences réside dans son statut actuel : elle n’est plus employée de l’éducation nationale, elle est employée directement par son lycée. Quand les collègues qui sont sur les deux autres types de contrat sont toujours employés de l’éducation nationale et sont dits « en détachement ».
Elle est de son côté « en disponibilité » pour une durée limitée et devra retourner en France à la fin de sa mise en disponibilité.
Le détachement ne peut être refusé par l’administration, la mise en disponibilité peut l’être.
Le rectorat de Dijon a accordé au Castor sa mise en disponibilité car ils disposent de suffisamment de personnel en Histoire et Géographie pour la remplacer pendant son absence. Si cela n’avait été le cas, sa mise en dispo aurait pu lui être refusée. Certaines mises en disponibilité sont « de droit » (non refusables) comme par exemple pour suivre un conjoint muté ou pour élever un enfant.
Entre son recrutement par le Lycée et la démarche de mise en disponibilité il s’est écoulé trois semaines et la mise en dispo a été validée par les services du rectorat en un mois. Cela a été très rapide.
Un contrat local sous-entend que si le Castor ne donne pas satisfaction au lycée, elle peut en être limogée en vertu du droit Canadien. Pour ce qui est de la rémunération, des avantages sociaux et des droits, elle dépend de la Convention Collective signée entre l’établissement et le syndicat tous les 3 ans.
La paie ici tombe tous les 15 jours (paiement en quinzaine, comme les anciens ouvriers). Le Castor cotise à la retraite et à une mutuelle (dont une part pour les soins dentaires et optiques). La retraite fonctionne sur le principe des fonds de pension, elle pourra toucher ce qu’elle a cotisé durant son expérience Canadienne pour racheter des trimestres à son retour en France.
En dehors des données administratives, voici en vrac quelques pensées de début d’année :
– Il faut jongler avec le fait que contrairement à l’idée qu’elle en avait, la majeure partie des élèves ne sont pas francophones de naissance et ne parlent pas le français à la maison. Beaucoup ont besoin qu’on leur traduise un mot de temps à autre car ils ne savent pas ce que cela veut dire en français. Certains termes de vocabulaire historique sont difficiles à appréhender.
– Le vouvoiement ici est un horizon inatteignable : les élèves utilisent le M. et le Mme mais tutoient les enseignants, ce qui amène à un mix intéressant. Les gens se tutoient en ville.
– Un sixième, c’est un élève qui en début d’année est peu autonome, un peu perdu (changement de classe, changement de professeur à chaque heure, mode de fonctionnement différent du primaire) et plutôt lent. Ajoutez à cela que les élèves ici ne maîtrisent pas tous bien le français (moins que les autres niveaux), ce qui fait que la mise en place est très lente.
– C’est exceptionnellement conceptuel de faire des cours de DNL ( = histoire et géographie en anglais) à des élèves qui maîtrisent mieux que l’enseignant la langue dans laquelle il fait cours. C’est un constat partagé dans l’équipe d’HG. Mais ici, c’est l’occasion de leur faire cours sur l’Histoire du Canada en anglais.
– C’est aussi assez conceptuel d’enseigner le programme de géographie de troisième (centré sur la France, ses aires urbaines, ses espaces productifs et ses espaces de faible densité pour ne citer que 3 chapitres) à des élèves qui n’ont jamais visité la France et ne voient pas à quoi cela ressemble.
– Excepté en sciences, éducation musicale et arts-plastiques, il n’y a pas de salle fixe et les professeurs changent de salle très régulièrement (toutes les 2h ou toutes les demi-journées).
– Il n’y a pas d’ordinateur fixe dans les salles, le lycée fournit à chaque professeur un ordinateur portable et un Ipad qui se branchent sur le système de projection de la salle. Ce qui est extrêmement pratique (on peut déjà avoir lancé son diapo, ouvert pronote et lancé un navigateur depuis chez soi le matin, on a qu’à sortir l’ordinateur de veille et projeter).
– Les élèves de collège reçoivent un Ipad et les lycéens un ordinateur. En HG, choix a été fait ne plus avoir le livre numérique car les élèves ayant l’Ipad + wifi du lycée ont tendance à se promener sur internet sans être attentifs.
– La scolarité coûte 15 000CAD annuels à un élève.
– Le travail de « gestionnaire » tenu par une seule personne en France est divisé entre plusieurs personnes ( le purement financier, la gestion des équipements et des salles, la réception des projets de sortie et voyages), il y a un service de communication et la gestion du parc informatique est assurée par plusieurs personnes dont c’est le boulot à plein temps et qui sont payées pour cela (et non pas un prof qui accepte de le faire en plus de ses heures en échange d’une indemnité).
– La vie scolaire s’appelle le « pôle vie de l’élève » et je trouve cette sémantique plus intéressante dans ce qu’elle sous-entend du rôle de « la vie sco »
Pour le reste, l’environnement de travail est extrêmement agréable, les élèves sont chouettes. Et les premiers projets émergent (dont l’idée de trouver si les élèves de 3è ont eu des ancêtres qui se sont battus en France lors de la 1ère Guerre Mondiale).
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